Consommateurs et opérateurs économiques se lamentent des conséquences de la trajectoire que doivent emprunter les poids lourds pour arriver à Bujumbura depuis les inondations de février. L’office des Routes tranquillise.
Un surplus de 90 km, soit plus ou moins 100 litres de carburant ; 4 heures de plus pour passer de Kobero à Bujumbura. Voilà ce que coûte le détour que doivent effectuer les camionneurs qui empruntaient la route Bujumbura-Bugarama. Ces chiffres sont donnés par un chauffeur tanzanien.Il dit qu’une fois entrés au Burundi par le poste frontalier de Kobero, les chauffeurs abandonnent la RN6 (Ngozi- Muyiga) pour emprunter la RN12 (Muyinga-Gitega).
Arrivés à Gitega, les camionneurs peuvent emprunter la route en terre battue Gitega-Mwaro- Nyakararo pour enfin descendre à Bujumbura par la RN7 (Bujumbura- Rutovu-Gitaba). Il peut aussi choisir de rester sur les routes bitumées. Ils optent alors pour le détour qui consiste à continuer le trajet par la RN8 (Gitega-Rutana) et prendre enfin la RN7 au niveau de Gitaba (Rutana) pour descendre à Bujumbura par le sud du pays.
Les camions qui entrent au Burundi par le poste frontalier Burundi-Rwanda de Gasenyi (Nord-Est) effectuent des détours encore plus importants.
Les chauffeurs qui font dix heures depuis Kobero jusqu’à Bujumbura (au lieu de 6 heures comme avant les innondations de février) disent que tout le long du trajet, ils font tout pour lutter contre le stress et la fatigue causés par une forte concentration afin de ne pas perdre le contrôle de leurs véhicules.
Les camionneurs sont encore plus inquiets : « Avec la nouvelle trajectoire, il s’observe de multiples points de fissure de la chaussée sur la RN7, entre Ijenda et Bujumbura. Nous craignons que le pire puisse arriver. La route finirait par devenir impratiquable », témoigne un groupe de chauffeurs tanzaniens rencontrés à la gare routière, près du lac Tanganyika.
Manque à gagner chez les transporteurs
Antoine Muzaneza, le président de l’Association des Commerçants du Burundi (ACOBU) affirme que le chauffeur fait alors 160 km de plus, soit plus ou moins 150 litres de carburant.
Un importateur qui a requis l’anonymat trouvé au siège de la Chambre Fédérale du Commerce et de l’Industrie dit que la déviation occasionne un surplus de carburant compris entre 300 à 400 litres par véhicule.
Augmentation de prix d’au moins 4% sur le marché
D’après M.Muzaneza, les prix sur le marché ont augmenté d’au moins 4% à la suite du nouveau parcours. Il donne l’exemple du prix du pétrole à la pompe qui est passé de 2250 à2330 Fbu.
Il cite aussi d’autres produits sensibles importés dont les prix se sont envolés. C’est notamment le ciment, les profilés et le fer à béton, bref tous les matériaux de construction.
Le commerçant qui a requis l’anonymat dit qu’il y aurait une flambée de prix de 20% mais précise : « C’est trop difficile d’évaluer l’impact du détour sur les prix à la consommation. La hausse des prix est due essentiellement à la dévaluation de la monnaie, au tonnage de chargement qui est passé de 80 à 28 tonnes par camion dans la zone EAC, au pouvoir d’achat très faible des Burundais, au manque de devises, etc. »
A l’Association Burundaise des Consommateurs – Transparency International Burundi (ABUCO- TI Burundi), Noël Nkurunziza dit que l’impact de la déviation sur le prix à la consommation est réel mais que son association n’a pas encore mené une étude ad hoc.
La réfection de la RN1 est pour bientôt
Comme solution à ce problème, M. Muzaneza joint sa voix à celle des transporteurs pour demander au gouvernement la réfection urgente du tronçon Bugarama-Bujumbura.
« Les travaux sur la RN1, tronçon Bujumbura –Bugarama pourront débuter au mois de juillet. Ils dureront quatre mois», fait-on savoir à la direction générale de l’office des routes (ODR). Cet office indique en outre qu’une somme de 7, 5 milliards est en train d’être collectée pour cette fin. D’après cette source, c’est la société CHIKO qui effectura les travaux. C’est la même société qui est en train d’exécuter les travaux les plus urgents sur ce tronçon.