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Controverse sur les recettes de l’Amisom

SOURCE : Iwacu

Députés et société civile s’étonnent de la chute des prévisions et réalisations des recettes de l’Amisom de plus de 20 milliards de Fbu par rapport aux budgets de 2012 et 2013. Le ministère des Finances parle d’une mauvaise estimation.

Tabu-AbdallahLes prévisions des recettes de l’Amisom 2012 et 2013 étaient respectivement de 26,5 et 29,5 milliards de Fbu et les réalisations enregistrées sont respectivement de 14 milliards et 2 451 649 921 Fbu. Pour les exercices 2014 et 2015, ils ne sont que de trois milliards. Lors des séances en plénière du 20 au 21 décembre 2014, les députés ont adressé au ministre des Finances des questions pour plus d’éclaircissements : la méthode de calcul aurait-elle changé ? Les éléments sur base desquels ces prévisions sont faites auraient-ils été réduits par rapport à 2012 et 2013 ? Si oui, quel est le niveau de réduction de ces éléments qui auraient provoqué une chute aussi importante des recettes ?

Lors des prévisions budgétaires, a répondu le ministre Tabu Abdallah, nous nous basons sur les réalisations des années précédentes. Or la révision budgétaire de l’année 2012 est due à une mauvaise estimation des recettes de l’Amisom. Et d’ajouter que le ministère n’inscrit dans le budget que les prévisions qui ont été données par les services spécialisés. Pour son porte-parole, Désiré Musharitse, le ministère a décidé de ne prévoir que 3 milliards pour éviter des promesses non tenues. Un député, qui a requis l’anonymat, confie que le ministre les a envoyés au ministère de la Défense pour plus de précisions.

L’article 4 stipule : « (…) le budget général de l’Etat, en recettes et dons, en dépenses courantes, en dépenses, en capital et prêts nets, en financement, est préparé et exécuté par le ministère ayant les Finances dans ses attributions, Ordonnateur unique de l’ensemble des dépenses de l’Etat (…) ».

Le président de la commission défense et sécurité à l’Assemblée nationale, Félicien Nduwuburundi, tente de donner des explications – il a fait partie des députés qui ont visité les militaires en Somalie : « Les 3 milliards considérés comme prévisions représenteraient 200 dollars retirés sur le salaire (un peu plus de 1000 $) de chaque militaire. Ils vont dans les caisses de l’Etat. » Concernant l’argent récolté sur la location du matériel militaire (blindés et autres), il va dans l’encadrement des militaires, l’achat du matériel militaire, le renseignement etc. Il rassure qu’avec le mémorandum d’entente signé entre le Burundi et le Royaume des Pays-Bas sur la réforme et le développement du secteur de sécurité, le changement viendra petit à petit.

Pour le porte-parole de l’Armée, Gaspard Baratuza, les militaires sont spécialistes dans l’art de la guerre et non dans les finances. « Adressez-vous au ministère des Finances. »

La Cour des comptes et l’Inspection Générale de l’Etat pointés du doigt

Faustin Ndikumana, représentant de la Parole pour le Réveil des Consciences et des Mentalités, accuse la Cour des Comptes et l’Inspection Générale de l’Etat de ne pas jouer leurs rôles : « Ils doivent surveiller le budget et mener des enquêtes. Sinon, l’enrichissement illicite et le blanchiment d’argent prennent racine. » Il rappelle que les parlementaires ont assez de temps pour évaluer le budget et poser des questions, depuis la session d’octobre jusqu’en décembre. « Mais ce n’est jamais le cas ! »

« C’est incompréhensible que le ministre parle d’une mauvaise estimation, alors que l’effectif des militaires ainsi que le matériel militaire, qui est loué, sont connus. Donc, tout doit être prévisible », déclare Noël Nkurunziza, président de l’Association Burundaise des Consommateurs, devenue, depuis peu, la section nationale de Transparency International (TI). « Même s’il y aurait une mauvaise estimation, c’est farfelu que l’écart atteigne des milliards. » Pour lui, c’est au ministre des Finances d’être le premier informé pour être en mesure de donner des clarifications (article 4 du budget de 2015). « Il aurait dû faire ce travail avant de venir devant les parlementaires. »

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